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sábado, junho 09, 2012

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Boissons énergisantes : 3 décès « suspects » en France
Publié le 07/06/2012   |  1 réaction Partager sur Twitter Partager sur Facebook Imprimer l'article Envoyer à un confrère Réagir à l'article Enregistrer dans ma bibliothèque Reduire Agrandir

Paris, le jeudi 7 juin 2012 – Longtemps la France a su résister à l’invasion des boissons énergisantes et notamment de celles contenant de la taurine (dont la célèbre Red Bull). Mais depuis quelques années, les recours juridiques des fabricants de ces produits qui promettent à leurs utilisateurs une énergie décuplée, une résistance à l’alcool plus importante voire un soutien pour maigrir ont fini par pouvoir s’implanter dans notre pays, à l’instar de tous les autres états européens. On se souvient ainsi comment en 2008, le ministre de la Santé, Roselyne Bachelot ne parvint pas à imposer sa position et dû accepter, la mort dans l’âme, l’autorisation de la commercialisation du Red Bull. Cette défaite ne l’empêcha pas de demander à l’Institut national de veille sanitaire (InVS) de mettre en place un dispositif de surveillance spécifique des effets indésirables potentiels des boissons énergisantes (terme qui regroupe divers breuvages composés de taurine mais aussi de guarana, de ginseng ou encore de vitamines). Cette mission a été reprise en 2009 par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES).

Troubles cardiologiques, neurologiques et psychiatriques

Hier, cette dernière a présenté le bilan de ces premières années de surveillance, faisant état d’un nombre de cas certes restreint mais au profil fortement inquiétant. L’InVS a ainsi recensé vingt-quatre cas d’effets indésirables potentiellement liés aux boissons énergisantes auxquels il faut ajouter six nouveaux cas signalés à l’ANSES. Parmi les 24 cas analysés par l’InVS, un «lien de causalité possible ou probable a pu être établi » pour 13 d’entre eux. Les effets indésirables recensés sont d’ordre «cardiologique (tachycardie) et/ou neurologique (crises d’épilepsie, paresthésies, tremblements, vertiges) et/ou psychiatrique (angoisses, agitation, confusion) ». Outre ces différents symptômes, l’ANSES évoque la survenue de « trois cas d’accidents vasculaires cérébraux et deux cas d’arrêt cardiaque (dont un mortel) (…) pour lesquels le lien avec la consommation de boisson énergisante n’a pu être clairement établi ». Concernant les six cas relevés par l’ANSES, elle note tout d’abord qu’il s’agit de personnes de moins de 50 ans (et même de moins de 30 ans pour quatre d’entre elles). Les manifestations rapportées sont également d’ordre cardiologique, neurologique et psychiatrique. Un cas d’atteinte rénale est enfin également cité. Au total, il existe au moins trois cas de décès suspects rapportés depuis 2008. Si des investigations supplémentaires sont encore nécessaires pour élucider l’origine de l’ensemble des événements rapportés, ce bilan ne s’en révèle pas moins inquiétant et conduit aujourd’hui l’ANSES à appeler les professionnels de santé à redoubler de vigilance.

Alcool et boissons énergisantes : le cocktail de tous les dangers

Outre le recensement de ces cas, l’ANSES attire également l’attention sur la fréquente association entre boissons "énergisantes" et consommation d’alcool. Ainsi sur les six cas d’évènements indésirables rapportés à l’ANSES, cinq avaient également bu de l’alcool. Par ailleurs, l’Agence indique que des travaux actuellement menés en son sein et qui doivent être publiés cet automne « montrent à la fois que la consommation de ces produits en lien avec une activité sportive est en augmentation et que 27 % des consommateurs de moins de 35 ans associent, au moins de temps en temps, ces produits à l’alcool ». Cette donnée était déjà apparue clairement dans une étude menée par des chercheurs du Treatment Research Institute de Philadelphie et de la Johns Hopkins University publiée l’année dernière dans la revue Alcohol Clininical Experimentat Research. Chez 975 étudiants, ces chercheurs avaient pu déterminer que la consommation occasionnelle de boissons énergisantes concernait 61,4 % d’entre eux, tandis que 10,1 % avouaient une utilisation hebdomadaire voire quotidienne. Chez ces derniers, une consommation plus fréquente d’alcool et en quantités plus importantes avait pu être mise en évidence par rapport à ceux en absorbant plus rarement. L'association à une dépendance à l’alcool était ainsi multipliée par 1,86 par rapport aux faibles consommateurs de boissons énergisantes et par 2,40 par rapport à ceux n’en ayant jamais bu.

Des études chez l’animal déjà inquiétantes

Au-delà de cette association susceptible d’accroître les méfaits propres des boissons énergisantes (sans évoquer la question de l’installation facilitée d’une dépendance à l’alcool), une équipe de pédiatres de Miami avait lancé l’année dernière une nouvelle mise en garde contre ce type de breuvages en raison de leur possible toxicité pour les enfants et adolescents. Dans le cas de la taurine, de nombreuses études menées chez l’animal ont de fait suggéré l’existence d’un profil toxicologique peu rassurant. Pour s’opposer pendant de nombreuses années à sa commercialisation en France, l’ANSES (qui était à l’époque l’Agence française de sécurité alimentaire) avait ainsi évoqué les effets neuro-comportementaux potentiels de la taurine. Elle redoutait par ailleurs la toxicité rénale de la D-glucuronoclactone.


Aurélie Haroche