FORMAÇÃO
L’éditorialiste du British Journal of Psychiatry attire notre attention sur un thème encore relativement méconnu, mais auquel certains travaux sont désormais consacrés : l’auto-immunité en psychiatrie. Invoqué depuis une centaine d’années, ce concept traduit « l’échec d’un organisme à reconnaître ses constituants » avec, pour conséquence, « un ensemble de réactions immunitaires contre ses propres cellules et tissus. » Vu la fréquence des affections auto-immunes dans d’autres disciplines médicales (l’Association américaine sur les maladies auto-immunes en recense plus de 150, et estime qu’elles touchent environ 3 % de la population), il est donc concevable que la psychiatrie soit également concernée par ce dysfonctionnement immunitaire, d’autant plus que des troubles neurologiques (notamment certaines scléroses en plaques ou encéphalites) peuvent avoir une dimension auto-immune avérée.
On peut noter au passage la portée particulière de cette «défaillance de la reconnaissance de soi » en psychiatrie, puisqu’elle évoque immédiatement une thématique psychotique, même si les deux phénomènes (méconnaissance de soi à l’échelle biologique et au niveau psychologique) semblent sans rapport direct, malgré l’essor des recherches explorant l’hypothèse auto-immune dans la schizophrénie. Il existe ainsi une « association positive entre les patients hospitalisés souffrant (simultanément) de schizophrénie et de plusieurs maladies auto-immunes », mais au contraire une « association négative, reconnue de longue date, entre la fréquence de la schizophrénie et celle de la polyarthrite rhumatoïde. »
On concilie ces données contradictoires en considérant qu’il existe deux allèles d’un même gène (s’excluant mutuellement) « dont l’un confère une prédisposition à la schizophrénie et l’autre à la polyarthrite rhumatoïde. » Mais la recherche d’auto-anticorps contre le tissu cérébral (ou d’autres anomalies immunitaires) dans la schizophrénie a produit jusque-là des résultats « inconsistants et contradictoires. » Cette piste paraît plus fructueuse dans d’autres problématiques neuropsychiatriques : encéphalite limbique auto-immune (autoimmune limbic encephalitis, caractérisée par la présence d’anticorps dirigés contre un antigène neuronal intracellulaire [1]), troubles de l’humeur, troubles obsessionnels compulsifs (associés parfois à une infection streptococcique [2]), maladie d’Alzheimer…
Si les certitudes étiologiques manquent encore, ces travaux ont du moins le mérite d’apporter une nouvelle perspective en psychiatrie, pour éclairer un aspect organique du déterminisme de certaines affections (vraisemblablement polyfactorielles), et augurer peut-être d’une nouvelle approche thérapeutique (immunosuppresseurs, anti-inflammatoires ?…) dans un avenir encore indéterminé.
Dr Alain Cohen
Davison K : Autoimmunity in psychiatry. Br J Psychiatry, 2012 ; 200 : 353–354.
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