Récidive d’hépatite C après transplantation hépatique : prudence avec l’interféron pégylé
Publié le 22/05/2012 |
Les patients ayant une récidive d'hépatite virale C après transplantation hépatique, et traités par interféron pégylé (Peg-Inf), peuvent développer une dysfonction du greffon à médiation immunologique (DGI) caractérisée par une hépatite à plasmocytes (c’est à dire une infiltration des plasmocytes dans le greffon hépatique) ou des signes de rejet du greffon.
Cet article rapporte les résultats d'une étude cas-contrôle multicentrique de 52 transplantations hépatiques pour hépatite chronique virale C, et dont l’objectif était d'évaluer l'incidence, les facteurs de risque, et les conséquences d'une DGI induite par l'interféron pégylé (Peg-DGI).
Les données de chaque patient ont été comparées avec celles de deux contrôles appariés n'ayant pas développé de Peg-DGI (n = 104), et analysées au moyen d'un modèle multivarié.
L'incidence globale de la Peg-DGI sur une période d'études de 10 ans a été de 7,2 %.
Les facteurs de risque de survenue d'une Peg-DGI identifiés étaient les suivants : l’absence de traitement antérieur par le Peg-Inf (odds ratio [OR] = 5,3 ; P < 0,0001), un traitement avec du Peg-Inf-α2a (OR = 4,7 ; P = 0,03), et les caractéristiques immunologiques (principalement existence d'une hépatite à plasmocyte) sur la biopsie hépatique réalisée avant la mise en place du traitement par Peg-Inf (OR = 3,9 ; P = 0,005).
Dans le groupe des malades avec Peg-DGI il y avait moins de survies prolongées, aussi bien pour le patient (61,5 % vs 91,3 % pour les contrôles) que pour le greffon (38,5 % vs 85,6 % pour les contrôles), et les taux de retransplantation hépatique étaient donc plus élevés (34,6 % vs 6,7 % des contrôles) (toutes comparaisons, P < 0,0001), sans augmentation des taux de réponse virologique prolongée.
Les variables associés à l'augmentation de la mortalité étaient les suivantes : Peg-DGI se manifestant par un rejet aigu (hazard ratio [HR] = 2,4 ; P = 0,002), taux élevé de phosphatases alcalines (PAL) à la mise en route du traitement par Peg-inf (HR = 1,003; P = 0,005), et absence de réponse virologique prolongée (HR = 3,4; P = 0,04).
Les variables associés avec la défaillance du greffon incluaient : un taux élevé de PAL à la mise en route du traitement par Peg-Inf (HR = 1,002 ; P = 0,04) et l'absence de réponse virologique prolongée (HR = 2,1; P = 0,04).
Cette étude montre donc que les dysfonctions du greffon a médiation immunologique, induites par le traitement par interféron pégylé, exposent à un taux de morbidité et de mortalité élevé et ne sont pas associées à une augmentation du taux de réponse virologique prolongée.
Les auteurs de cet article concluent qu'il est important d'éviter le traitement par interféron pégylé chez des patients transplantés hépatiques ayant un certain nombre de facteurs de risque cliniques, biochimiques et histologiques de survenue d'une Peg-DGI.
Pr Marc Bardou
Levitsky J et coll. : Risk for Immune-Mediated Graft Dysfunction in Liver Transplant Recipients With Recurrent HCV Infection Treated With Pegylated Interferon. Gastroenterology 2012; 142: 1132-1139
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